02 Déc Oman : à la recherche du désert

Une fois de plus, le travail m'a conduit à Oman, et pour moi, face à la proximité d'un désert (ou d'une plongée), il est difficile de me retenir ou de me laisser enfermer à l'hôtel. Et si la tentation n'est autre que le désert du Rub al Khali, le grand espace vide, la plus grande mer de dunes du monde, je m'abandonne à mon sort et me laisse emporter.

Mais je crois que ce qui m'a le plus piégée, c'est la séduction du mot "lointain". Loin, éloignement, jambières...

En fait, je ne sais pas pourquoi je suis toujours aussi attiré par des endroits rudes et inhospitaliers comme celui-ci, si les heures de bureau de l'année dernière ont peu à peu apprivoisé mon esprit.

Il doit rester des braises dans mon âme endormie qui ne cesse de réclamer que mes aventures aient toujours leurs petites doses d'amertume (comme disait Flaubert, que je suis beaucoup bien que je n'aie encore rien lu de lui, Sofia Mazagatos dixit).

Ce que je lis depuis trop longtemps, ce sont les aventures de Bertram Thomas ou de Harry St John Philby, ces explorateurs qui se sont aventurés pour la première fois dans le quartier vide, ou celles de Wilfred Thessiger qui non seulement l'a traversé deux fois, mais y a séjourné et vécu en compagnie d'une tribu bédouine, pendant un peu plus de six ans.

Le problème, c'est que tant de lectures me perturbent et que, comme Don Quichotte, je pars à l'aventure en me prenant pour un explorateur comme Sir Richard F. Burton ou Mungo Park. Mais comme je suis plutôt Danny deVito ou Dora l'exploratrice, je m'attire les ennuis que j'aime tant.

La mauvaise nouvelle, c'est que les limites de l'aventure sont de plus en plus difficiles à franchir, et je ne pense pas que faire le "mannequin challenge" au sommet des Wahiba Dunes, qui est pour l'instant la chose la plus intrépide que j'ai jamais pensé à faire, me permettra de devenir membre de la Royal Geographic Society. Qui sait ?

Qui sait si un jour, bien que je puisse commencer à m'y préparer car je suis en période de rabais, j'atteindrai la gloire de trouver derrière une dune lointaine, l'oasis perdue de Zerzura, la cité cachée d'Ubar ou pourquoi pas, l'armée disparue de Cambyses...

Quelques jours....

©DESERTANDO

Mais pour l'instant, avec le peu de temps dont je dispose, je vais devoir me contenter d'errer dans le ravin de Tiwi, de scruter les dunes de Wahiba ou de suivre le cours de l'oued Bani Khalid. Les fjords de Musandam, les forts d'Ibra aux portes du désert ou simplement une bière au goût interdit dans une masure de Muscat pour étancher ma soif d'aventure ont également servi de placebo.

Je sais qu'un jour, avec Desertando et les amis assez irresponsables pour me faire confiance, nous emprunterons chacune de ces routes dans les montagnes de Mascate, ou mieux encore, nous suivrons une partie de l'itinéraire que Thessiger a suivi entre Shalala et Doha lorsqu'il a traversé pour la première fois le Rub Al Khali.

Un jour...

Et c'est là que j'ai envie de dire qu'un jour je reviendrai sur ces terres pour galoper librement comme un cheval fugitif tandis que le vent caresse sa crinière...etc etc, mais bien sûr, on va me dire d'arrêter de boire du Hacendado Gin et d'abandonner les marques blanches, et regardez ce qui se passe....

Pour finir, j'allais mettre une photo de moi, mais j'ai découvert que j'avais des cheveux gris, et je refuse d'accepter que même Peter Pan prenne des années, alors j'ai mis une autre petite montagne à la place.