11 Avr L'oasis perdue de Zerzura
L'un des endroits qui fait exploser mon imagination effervescente, un parmi tant d'autres..., est le désert libyen, dont les sables s'étendent jusqu'à l'Égypte et au Soudan.
Au fil des siècles, les seuls à oser s'aventurer dans l'immensité de ces espaces vides étaient les marchands d'esclaves, qui voyageaient en grandes caravanes le long de la route dite des 40 jours ou Dar el Arba'in. Cette route, qui reliait le Nil au marché aux esclaves d'El Fasher au Soudan, a donné lieu à de nombreuses légendes, dont certaines ont été rassemblées dans le livre "Les perles cachées". Elles racontent l'histoire de trois oasis à la dérive, perdues dans cette immense mer de sable, dans l'une desquelles se trouvait la ville blanche et fortifiée de Zerzura, qui recelait d'énormes richesses.
Ces légendes ont été corroborées en 1835 lorsqu'un éleveur de chameaux, qui avait une belle fille nommée Zoraida, mais cela n'a rien à voir, mignonne comme elle était, a raconté à l'égyptologue John Wilkinson l'existence de ces trois mystérieuses oasis, et en particulier de celle appelée Zerzura, située au confluent de trois vallées sur le plateau du Gilf el Kebir.
Les explorations ultérieures du prince Kemal the Din et d'autres aventuriers ont permis de localiser les oasis d'Uweinat et d'Arkenu, mais l'oasis de Zerzura est restée mystérieuse.
Ces légendes d'oasis, de villes et de trésors perdus ont touché la corde sensible des aventuriers, des fous et des amoureux du désert que la Providence a réunis en 1930 au Greek Bar de la ville soudanaise de Wadi Halfa. Là, après avoir étanché avec de la bière l'énorme soif accumulée au cours de leurs voyages dans le désert, ils ont conspiré pour trouver la dernière oasis, l'oasis perdue de Zerzura. De folles envies de trésors inexistants...
C'est ainsi que commence la dernière grande aventure de l'exploration africaine, avec quelques bières, quelques légendes et un grand désir d'aventure.
Ils ont utilisé les oasis lointaines du sud comme base pour leurs expéditions. Ils ont traversé le désert noir de l'oasis de Bahariya et le désert blanc de Farafra jusqu'à l'ancien centre caravanier de Dakhla, où s'élèvent les dunes rouges de Gilf el Kebir. Ils se sont reposés dans de grandes palmeraies ou à l'ombre ténue d'acacias solitaires, ont campé dans des lieux sans nom ou à côté des ruines de la vallée des momies d'or, et ont traversé des plaines désertiques brûlées par le soleil. J'ai toujours essayé de percer les secrets de cette terre morte, perdue et cachée. Lorsque l'écrivain Edward Lear, que j'imagine que vous avez lu (contrairement à moi), a écrit que l'Égypte est une terre où l'on apprend des couleurs, je suis sûr que c'est parce qu'il a voyagé dans cette région.
Là, en même temps que le désert blanc, ils ont recherché une autre légende, l'armée perdue de Cambyse, les 50 000 Perses à jamais ensevelis par l'Harmattan, ce vent chaud et sec implacable qu'on appelle ici Khamsin. On dit que les djinns, les mauvais esprits du désert, les ont transformés en ces étranges formations qui donnent à cette région un aspect aussi irréel que fantastique. Il faut aller voir.
Ils continuèrent à la chercher pendant des années, jusqu'à ce que le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale amène le groupe à se séparer et à combattre dans la même zone mais dans des camps différents, abandonnant la recherche de l'oasis pour des temps meilleurs. C'est ainsi que les Britanniques Ralph Bagnold et Patrick Clayton créèrent le Long Range Desert Group, une unité chargée d'espionner et d'arrêter l'avancée de Rommel sur le Caire, tandis que le comte Almasy (le protagoniste du Patient anglais) devenait un espion du Troisième Reich.
Dieu merci, le temps les réunira à nouveau dans le désert, la vie, qui est pleine de rebondissements ?
Malgré toutes les expéditions ultérieures, l'emplacement de l'oasis reste un mystère et, comme Tombouctou, elles symbolisent l'idéal de l'exploration, l'esprit romantique de l'aventure.
Mais il n'est pas nécessaire d'aller à Wadi Halfa pour commencer la grande aventure de la vie, n'importe quel endroit fera l'affaire, il suffit d'un bon vin et d'un meilleur ami (aucune folie n'a commencé en buvant de la menthe pennyroyal) pour laisser sortir le jeune homme qui restera toujours en chacun de nous. Car notre esprit d'aventure est comme l'acheb, ces graines qui restent enfouies pendant des années sous le sable du désert et qui fleurissent rapidement à la moindre averse, il suffit de l'arroser.
Je n'ai jamais cessé de chercher l'oasis perdue de Zerzura. Et ce n'est pas la première fois que de fil en aiguille, quelques gin-tonics m'ont amené à flâner dans la palmeraie de Dakhla, à regarder le coucher de soleil dans le désert blanc de Farafra ou à dormir sous les dunes noires de Bahariya...
Cette fois, je dirai au revoir avec l'épitaphe trouvée sur la tombe de Tutan Khamon : "Que ton esprit vive et demeure pendant des millions d'années, assis face au vent du nord et les yeux pleins de bonheur".
Lurdes
Publié à l'adresse suivante 20:22h, 12 avrilEh bien, eh bien, primo.... vous écrivez de mieux en mieux chaque jour, mais le truc de la "pennyroyal mint" est plus que génial, hahahahahahahahahahaaaa.
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 15:28h, 23 avrilMerci cousin, tes messages de soutien me manquaient pour booster mon ego. Un très gros bisou