28 mars L'avant-dernier Eden
J'ai lu que le grand explorateur Richard Burton avait remarqué, lorsqu'il est parti à la recherche des sources du Nil, que l'un des moments les plus heureux de la vie est celui du départ vers un lieu lointain, vers des terres inconnues. Comme il avait raison ! Il y a quelque temps, j'ai dit que pour moi, cet état d'excitation et de bonheur avant un voyage est généralement associé à l'odeur de la paraffine dans les avions, une odeur que j'ai gravée au plus profond de mon âme, une odeur qui a toujours accompagné l'aventure et précédé l'inconnu ?
C'est sentir l'odeur et revenir en quelques secondes à ces années de parachutisme où l'on croyait que le sexe était sans danger et que sauter d'un avion était dangereux, à ces vols dans un Mi-8 branlant au-dessus d'immenses troupeaux d'éléphants dans le parc tchadien de Zakouma, au vol avec le pirate Omar au-dessus des montagnes Akakus du désert libyen... c'est revenir à tant d'aventures...
Cela me vient à l'esprit parce qu'hier, à l'aéroport de Sainte-Lucie (je laisse une longue pause pour que vous puissiez le chercher sur la carte), cette odeur, ma capsule de voyage astral, m'a de nouveau secoué le cœur, m'emmenant très loin, dans un vol au-dessus de la plus grande réserve naturelle du monde, il n'y a pas si longtemps. C'est alors que je me suis souvenu que j'avais stocké des photos non classées, dignes de l'éloge dont mon ego a toujours besoin.
J'ai repensé à l'été dernier, au Old Bridge backpackers de Maun, alors que nous venions de nous dépoussiérer après une longue journée de trekking dans les salines de Makgadikgadi. Cette nuit-là, sur les rives de l'Okavango, buvant des bières à l'abri d'un ventilateur mourant, nous étions quatre amis unis par le même désir, celui de s'évader vers l'inconnu et de vivre une bonne aventure (et surtout de faire un gâchis).
Nous nous étions retrouvés dans cet endroit reculé sur les traces de Livingstone (sans tant d'exigences) le long de cette route mythique qui l'a conduit aux chutes Victoria. Nous étions attirés par le mystère d'un fleuve qui, fuyant la mer, disparaît à l'intérieur de l'Afrique, traversant l'Angola, la Namibie et le Botswana pour mourir dans les sables du Kalahari.
Proust disait qu'il n'y a de paradis que ceux qui sont perdus, et nous, qui n'aurions pu être plus perdus, nous nous sommes retrouvés cette nuit-là aux portes mêmes de l'Eden,
Les jours suivants, nous avons cherché le paradis de nos rêves. Nous l'avons fait depuis les airs, en survolant ce labyrinthe d'îles, de canaux, de dunes, de forêts et de palmeraies, suscitant la curiosité d'un groupe d'éléphants ou l'indifférence d'immenses troupeaux de buffles, un spectacle. Inoubliable.
On le cherche aussi à bord d'un mokoro silencieux, dans le labyrinthe des canaux, parmi les nénuphars et les papyrus. On le cherche là où le crocodile et l'hippopotame imposent leur loi, là où les troupeaux d'éléphants viennent s'abreuver et se rafraîchir ou là où les lions et les buffles irascibles se battent à mort, là où seuls les éclaboussures inattendues de groupes de zèbres craintifs ou de sitatungas timides rompent le silence.
Accompagnés d'un groupe de ba-yeis, les vrais connaisseurs du Delta, nous avons marché sur les sentiers des hippopotames, traversé des forêts de mopanes, vu des groupes de girafes élégantes à la démarche féminine, des impalas nerveux, des koudous imposants et des babouins chacma sans vergogne.
Nous avons campé sur l'une de ces minuscules îles, sous un ciel étoilé, nous avons ri au coin du feu, nous avons scellé notre amitié avec du vin Namaqua et nous nous sommes endormis au son des hippopotames qui ronflent, des grenouilles qui chantent et des aboiements lointains d'un chacal solitaire.
Et là, sur cette île sans nom, nous avons trouvé le paradis. Et nous étions heureux (jusqu'à ce que le fuet s'épuise).
D'ailleurs, comme l'enfer et le paradis terrestre doivent être administrés à petites doses et à parts égales, nous avons immédiatement ressenti le besoin de partir à la recherche d'un endroit qui nous accueillerait. Et nous avons aimé l'Okavango lui-même, nous nous sommes perdus dans les sables du Kalahari, en route vers les Nxai Pans, un endroit difficile, un autre endroit à écrire...
Pierre
Publié à l'adresse suivante 12:59h, 28 marsBâtard, on verra si on y va quand Carrapucheira aura récolté de l'argent.
Un câlin.
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 18:32h, 31 marsBon, je vous ai déjà transmis celui du Tassili, suivez mon conseil, c'est une escapade incroyable. Une accolade
Josep Maria COSTA COLLELL
Publié à l'adresse suivante 13:24h, 28 marsBuffff...l'Okavango, mon premier voyage avec Kananga (pouvez-vous faire de la publicité ?). Finalement, ça n'a pas pu être le Bénin, mais un voyage avec vous reste en suspens.
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 18:30h, 31 marsJe suis sûr que nous y arriverons à la fin, pourquoi ne pas oser faire un Tassili, c'est quelque chose de rapide et de très cool. Un gros câlin
Tanya
Publié à l'adresse suivante 13:28h, 28 marsQuelle cuillère d'envie ! !!! Tu le fais vraiment ! Tu voyages en ce moment ?
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 18:29h, 31 marsBonjour Tanya. Oui, je viens d'arriver de Trinidad et lundi je repars pour un autre voyage. c'est un vrai rush, allez 🙂 .
Pierre
Publié à l'adresse suivante 06:53h, 29 marsTrès bon triplex ! Élaboré, drôle et astucieux. J'ai bien aimé.
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 18:34h, 31 marsMerci Pedrito. Une accolade
Tanya
Publié à l'adresse suivante 22:38h, 31 marsMais c'est une vie, une vie, une vie, magnifique, comme c'est merveilleux... Avez-vous une adresse électronique où vous écrire ?
Alberto Mrteh
Publié à l'adresse suivante 16:52h, 10 juinC'est un vrai plaisir de vous accompagner dans vos voyages.
Le texte se poursuit.
Alberto Mrteh (Le souk du scribe)