15 mars Tchad : I.- L'Eden du Sahara. Le lac Tchad

J'ai déjà décidé quel serait mon voyage cet été avant d'aller à Norfolk, si j'y vais... Je retourne au Tchad (je vous ai déjà dit que j'y ai vécu... ?), je veux passer par le Tibesti, l'endroit le plus incroyable du monde, sans aucun doute. Je cherche des volontaires pour me rejoindre dans cette aventure.

Je vais donc annoncer l'appel à la manière de Shackleton, l'un de mes héros préférés :

"Hommes/femmes (plutôt les seconds) recherchés pour un voyage dangereux. Prix élevé, chaleur intense, longues journées d'inconfort, nombreuses épreuves, peu de nourriture, pas de sexe, beaucoup d'insectes, danger constant, et une bonne chance de revenir vivant (ce dernier point est un encouragement)".

Malgré cela, le voyage en vaut la peine, croyez-moi.

 Je vais commencer par vous montrer le lac Tchad, qu'il faut voir avant qu'il ne disparaisse, car avec le changement climatique, il est en grand danger et on estime qu'il s'asséchera dans une vingtaine d'années. À moins que les Bardems ne prennent des mesures et ne convoquent un "mani" pour résoudre le problème, bien sûr...

Il a été découvert par Clapperton et Denham en 1823, qui l'ont baptisé lac Waterloo, sans grand succès puisque personne ne l'appelle ainsi. À l'époque, ils pensaient qu'il s'agissait de la source du fleuve Niger, mais en fait, le seul cours d'eau qui alimente le lac est le fleuve Chari, qui traverse la capitale Ndjamena.

Les habitants des îles et des rives du lac sont les Boudoumi, qui, selon Jules Verne dans "Cinq semaines en ballon", étaient des pirates très féroces. Je ne sais pas, soit leurs coutumes se sont un peu assouplies, soit je suis inconscient et n'arrive pas à identifier le danger.

Les Peuls vivent également dans les environs immédiats. Le Tchad étant peu profond, il est fréquent de les voir traverser certaines parties du lac avec leurs appâts flottants en corne.

Voici quelques photos des Peuls, car une image vaut mille mots et c'est ainsi que je suis restée sans voix lorsque je me suis rendue pour la première fois au lac Tchad.

Et juste pour la folie de pouvoir dire que je me suis baigné dans le lac Tchad, au milieu des hippopotames (bien qu'on ne les voit pas sur la photo) et des redoutables poissons capitaines (dont les morsures n'épargnent même pas les hippopotames), j'ai fait trempette. Cela peut paraître téméraire, mais dans mon métier, la peur n'est pas une option, vous savez, et en voici la preuve :

Je suis conscient qu'avec cette photo un mythe s'écroule, mais je ne savais pas comment retoucher au pobrepoint ce corps de débris qu'il me semble avoir.

Et comme je ne veux pas vous laisser avec cette image pour aujourd'hui, je vais vous laisser avec une de ces apparitions qui m'a assommé pour toute la journée jusqu'à ce que je prenne un gin tonic au "carnivore" à Ndjamena.

C'est beaucoup mieux, n'est-ce pas ?

Bon, je vous laisse pour aujourd'hui, le lendemain nous irons jusqu'à la frontière avec le Darfour et de là nous irons jusqu'à l'Ennedi, dans le nord. Vous allez adorer, je le sais.