19 Juil Canada : Montagnes Rocheuses
Au cas où quelqu'un ne l'aurait pas encore remarqué, il m'est de plus en plus difficile de rester tranquillement à la maison (de peur de commencer à ranger), et je prends n'importe quelle excuse pour sortir et voir un peu le monde. Cette fois-ci, c'est la faute d'un mauvais ami, qui m'a mis les montagnes Rocheuses dans la tête et il fallait que j'y aille, pour voir s'il pouvait les faire sortir...
En outre, cela faisait des mois que j'entendais en moi un run run run qui me demandait de me débarrasser de cette épine plantée dans mon pied il y a des mois, lorsque j'ai dû renoncer à ma détermination de traverser je ne sais plus quel lieu essentiel de ces montagnes (et que je ne reverrai jamais dans cette vie), juste parce que la neige m'arrivait jusqu'à la taille (pour ma défense, je vous rappellerai que le fait que je portais un short et que la neige était très froide a influé sur mon retrait).
Le nom des Rocheuses me rappellera toujours l'expédition Lewis et Clark dans leur quête du passage du Nord-Ouest, l'aventure la plus emblématique de tous les voyages américains, et symbolique de l'esprit de l'Amérique du XIXe siècle : l'excitation de laisser le passé derrière soi et de partir vers l'ouest à la découverte de nouvelles terres.
Et quelle meilleure fin à mon aventure américaine que de parcourir la partie la plus significative de cette route et de partager avec eux cet état d'excitation et d'émerveillement continus, dans lequel ils se trouvaient sûrement lorsque d'impressionnantes rivières bleu turquoise ou des lacs vert poison apparaissaient devant leurs yeux au pied des montagnes escarpées (bien qu'après deux ans de voyage, je pense que la vue d'une tortilla de patatas aurait produit un plus grand torrent d'émotions et une plus grande inondation des canaux lacrymaux).
Non, je reconnais que je suis la seule à trouver des excuses pour m'évader.
Alors, excitée par la perspective d'une aventure et la tête pleine de petits oiseaux, je suis partie à Calgary sur les traces de ces explorateurs, pour affronter, comme eux, des dangers incertains, des zones inexplorées, des rencontres avec des animaux sauvages, des tribus ancrées dans le passé ?
Je suis sûr que si nous faisons un exercice d'abstraction et que nous éliminons du paysage les routes, les maisons, les mac donalds, les poteaux, les voitures, les déchets, les gens du dimanche, et les deux millions d'hindous que j'ai rencontrés au cours de mon voyage... et les quelques indigènes que j'ai vus qui avaient remplacé leurs jeans et leurs polos abercrombie par des peaux de castor... le paysage que Lewis et Clark découvraient était pratiquement le même que celui qui s'ouvre maintenant devant moi (si ce n'est que le mien était plus authentique).
Et c'est là que j'avais prévu de commencer à raconter mon aventure avec la rigueur scientifique qui me caractérise, en m'en tenant strictement aux faits sans recourir à l'exagération, etc etc, mais il ne m'est RIEN arrivé, N-A-D-A, ce fut mon voyage le plus ennuyeux, et de loin.
Parce que j'ai eu plus le sens de l'aventure en jouant au bingo avec une excursion de personnes âgées de l'inserso dans un hôtel sur les plages de Levante.
La vérité, c'est que j'ai eu quelques mésaventures, mais je ne vous en parlerai pas, parce que vous allez penser que je suis un désastre, et je ne veux pas donner une mauvaise image de moi. Si vous voulez les rencontrer, vous savez, un gin tonic dans un verre ballon et je commencerai...
Parce que découvrir à minuit que la réservation d'hôtel que j'avais faite n'était pas à Jasper (AB), province de l'Alberta, Canada, mais à Jasper (AB), État de l'Alabama, États-Unis, c'est quelque chose qui peut arriver à tout le monde. Ou pas ?
Pendant quelques brèves secondes, j'ai envisagé de profiter de ce petit oubli géographique pour dormir à la belle étoile... s'il ne pleuvait pas des cordes depuis l'après-midi. (Malheureusement, à cette heure de la nuit, je n'ai pu trouver de chambre que dans un autre motel sinistre du type de celui tenu par la famille de Norman Bates).
Le lendemain matin (après avoir vérifié que j'étais toujours en vie et que mes fesses étaient intactes), j'ai décidé de m'éloigner de la foule en faisant une randonnée vers les six glaciers du parc national de Banff. Je n'étais qu'à quelques kilomètres de la randonnée lorsque, à quelques mètres de moi, ce magnifique ours noir est apparu.
Ce n'est pas le seul ours que j'ai vu, dans l'après-midi un autre m'est apparu, mais cette fois-ci depuis la route, donc entre l'arrêt de la voiture, la mise en garde, le retrait de la ceinture, l'arrêt du GPS, la prise de l'appareil photo, le frein à main, les rétroviseurs en position, etc etc etc, l'ours en avait eu marre de poser et avait disparu dans le bush. Non, je ne lui en veux pas... (Si vous regardez bien, vous le verrez dans les arbres ci-dessous).
Les premiers instants de la journée n'auraient pas pu être plus prometteurs. Tout commençait trop bien, je me chargeais de compliquer les choses, avec cette facilité innée que j'ai à me mettre dans le pétrin, à toujours vouloir savoir ce qu'il y a de l'autre côté de la dune...
Et puis, à mi-hauteur, mon genou a craqué (en même temps que j'ai poussé un grand cri et chié sur la mère de la taupe) et je n'ai pas pu faire un pas de plus. J'ai vite compris que le danger auquel je faisais face était réel, j'étais en pleine ascension, incapable de bouger, sans équipement, avec une nouvelle tempête menaçante à l'horizon, au pays des ours et pire encore, seul... ¡¡¡¡
Comme j'imagine que vous vous demandez pourquoi j'étais seule et ce qu'il est advenu du Tchèque, je vous dirai que cette fois-ci, ce n'était pas possible, il voulait la plage et moi la montagne. Nous ne serons pas toujours d'accord, comme le dit un proverbe africain, deux fesses ne peuvent pas éviter le frottement (je ne sais pas si j'aime la comparaison...).
Bon, comme je l'ai dit, sans pleurer, mon genou m'a fait très mal, en fait il me fait encore mal. C'est triste mais c'est la seule chose que je peux raconter de mon voyage, car à partir de maintenant j'ai dû raccourcir mes excursions en montagne et les partager avec les deux millions d'hindous (je ne sais pas pourquoi il y avait autant de touristes de ce pays, mais la proximité des deux pays ne me semble pas être une des causes probables).
Alors, comme il ne m'est rien arrivé de vraiment intéressant, je me contenterai de vous montrer quelques photos que j'ai prises des montagnes et des lacs. Parmi ces derniers, il faut absolument visiter les lacs Maligne, Esmerald, Peyto, Ohara et Moraine, venez les voir et vous comprendrez pourquoi je dis cela.
Celui-ci, en bas, est le lac Peyto. Il semble que le lac reçoive les sédiments des roches érodées par les glaciers, qui restent en suspension à la surface et la réfraction de la lumière sur ces sédiments donne à ses eaux cette couleur spectaculaire. Mais, maintenant que je suis revenu de tout, je suis descendu pour vérifier, car je pense qu'il avait cette couleur parce qu'il était carrelé.
Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, j'ai changé de look et j'ai enlevé ma barbe, mais je pense la laisser pousser à nouveau, parce que c'est un frein, ils me voient si jeune que dans tous les bars, ils me demandent ma carte d'identité.
Bon, je ne vais pas m'étendre plus longtemps, je vais vous laisser avec quelques photos supplémentaires, pour voir si elles vous plaisent, mais allez, ce que je disais, moi qui suis plutôt du désert, pour moi les montagnes, j'en ai vu une, je les ai toutes vues....
J'adore cette photo, cet endroit m'a apporté la paix... dans un élan de créativité, je vais l'appeler Reflected Trees (Arbres réfléchis).
Des images comme celle-ci se sont succédé sans fin tout au long du chemin. Comme je vois que je suis toujours inspiré, cette photo s'appellera Reflected Mountains.
Maintenant j'ai des doutes, que pensez-vous de ce Reflected Mountains and Trees.
Cette photo s'appellera Apothéose crépusculaire en vert. Et les autres ne sont pas nommées, parce que je vais faire du sport et que si je continue à écrire, je serai en retard, bien que la dernière s'appelle clairement Femme nue se coiffant ou quelque chose d'approchant.
lurdes
Publié à l'adresse suivante 08:05h, 22 juilletEh bien, cousin, je ne te gronderai plus, mais j'aimerais savoir comment tu as fait pour descendre de la montagne avec ce genou.
Oh, et vous devriez faire une nouvelle entrée sur votre aventure au bingo sur les plages de Levante (vous avez eu cette aventure très discrètement, ehhhh...).
Baiser.
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 17:55h, 22 juilletBonjour cousin. Eh bien, je suis descendu lentement et douloureusement, mais grâce à cette capacité à souffrir que j'ai développée au fil des ans, je n'ai pratiquement pas pleuré pendant la descente.
Nuria
Publié à l'adresse suivante 16:24h, 24 juilletJ'adore les photos, même si j'aimerais que tu en fasses plus car elles donnent plus de réalisme à tes voyages, elles sont si belles qu'on dirait des cartes postales, et si tu sors tu donnes cette touche cuillère que nous aimons tant, en tout cas pour moi. Et pour le genou, je ne dis rien, tu sais ce que tu as fait au fil des ans pour l'avoir comme ça... Un gros bisou.
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 17:27h, 24 juilletJ'attendais déjà votre commentaire. Bien que ma beauté, pas toujours bien comprise, n'enlève rien aux lieux que je photographie, je ne poste pas plus de photos de moi parce que j'ai énormément de mal à prendre des photos avec le retardateur de l'appareil. Dans la plupart des photos volées que j'essaie de prendre, je ne parviens à obtenir que le ciel, une main ou la moitié d'une tête. Mais cela va changer car j'ai acheté une télécommande pour l'appareil photo. Quant au genou, ne croyez pas que je me sois autant agenouillée au fil des ans, ne serait-ce que lors de mes rares escapades... Bisous, frangine.
Burek
Publié à l'adresse suivante 11:39h, 09 juilletvous ressemblez à Georges Clooney
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 13:46h, 09 juilletsi au bout du compte, après tant d'insistance, je finis par y croire...