31 Mai La jungle impénétrable
Hier encore, j'ai vérifié à quel point ce bout d'Amazonie restait impénétrable, du moins pour moi, car c'était la deuxième fois que j'étais vaincu. La première fois, c'était il n'y a pas si longtemps, et je me souviens que j'avais terminé l'aventure avec un rastafari à l'allure douteuse et son arme sous ma garde dans la boîte à gants de la voiture. J'ai alors décidé d'abandonner et de rentrer à Georgetown, pour boire un verre d'El Dorado, le rhum local, qui a été la boisson officielle de la marine britannique pendant de nombreuses années. Et ça, ils en connaissaient un rayon.
La défaite d'hier est due à une nouvelle accumulation de circonstances plus calmes, même si la promesse faite à ma mère, qui s'est remise à la carrosserie et à la peinture, que ces jours-ci j'allais mettre de côté ce talent particulier que j'ai pour les problèmes et penser avec ma tête et non avec mes tripes, pour éviter d'engendrer d'autres génies, a pesé lourd sur tous.
D'autant plus que rouler sous une pluie torrentielle le long de cette piste rouge, trouble et gorgée d'eau, qui disparaissait dans l'Amazone, ne me semblait pas être une bonne idée, surtout que je devais prendre un avion pour Panama l'après-midi même. Toujours pressé.
Ainsi, bien que le corps nous demandait de continuer sur cette route (j'étais avec Richal, qui avait le même désir que moi d'aventure en Amazonie), nous avons décidé de retourner à la ville de Linden jusqu'à ce que la tempête se calme et qu'une autre aventure viable apparaisse. Et pour voir le musée minier de la ville, nous ne nous étions pas levés à 4 heures du matin, renonçant au petit déjeuner buffet de l'hôtel, ce qui, dans mon cas, signifie beaucoup renoncer...
Comme il pleuvait, je ne voyais pas grand-chose pour m'attirer à Linden, à part une place de marché délabrée, vide, sans vie, où deux vaches condamnées se promenaient en liberté. Il y avait aussi une petite promenade au bord de la rivière Demarara où s'arrêtaient les vestiges délabrés des mines de bauxite qui avaient connu de meilleures gloires lorsque d'énormes cargos approchaient, réveillant la ville de son sommeil.
Mais je penserai toujours à Linden comme à l'endroit de la Guyane où la route meurt et où l'aventure naît, juste là, sur cette route que nous avons essayé de suivre et qui menait à Lethem, à la frontière avec le Brésil, une route qui s'est perdue dans la jungle, sans autre couleur qu'un vert si intense, si égal et si sombre qu'il donnait au paysage un air très sombre, du moins sous la pluie. Cette route est une tentation sanglante.
Mais comme vous pouvez l'imaginer, je n'écris pas cela pour poster des photos du Linden Museum, car après un temps de frustration et d'attente, le soleil est timidement apparu, la pluie a fait une trêve et l'étoile qui nous éclaire toujours nous a montré une alternative à cette maudite route : essayer la rivière, dans une de ces barges qui la traversent sans cesse d'une rive à l'autre.
Et ce n'est pas pour rien que c'était un vrai régal.
Je suis au Costa Rica, sur le chemin du retour, je n'ai pas de repos pour mon esprit, la jungle me tourmente toujours, même si je sais qu'un jour j'arriverai au bout de ce chemin et que nous le surmonterons, mais ce qui me fait le plus mal, c'est que j'ai préféré les photos de Richard aux miennes. Quelle emmerdeuse
Je vais définitivement acheter un iphone, je le fais pour toi.
Luis Crooke Álvarez
Publié à l'adresse suivante 13:32h, 02 juinComme tu es génial Carlitos, et comme tu as une mauvaise vie... .
MIGUEL ANGEL RODA
Publié à l'adresse suivante 17:09h, 02 juinFAITES-MOI SAVOIR QUAND VOUS SEREZ DE RETOUR !!!!!