23 décembre Yémen : au pays de la reine de Saba
Aujourd'hui, je vais vous parler d'un voyage dans le temps que j'ai fait il y a quelques années, parce que je ne voulais pas qu'une année de plus se passe sans que je vous raconte cette histoire basée, comme d'habitude pour moi, sur des faits réels. Et puis, je voudrais rappeler à Justi, un de mes amis qui répare sa voiture, que très bientôt nous ferons un voyage en Afrique. Inshaala.
Je me souviens de cette nuit, la dernière après plusieurs mois dans ces pays. Nous étions en BeyrouthLe vieux cœur est confus et ne sait pas s'il doit mourir de chagrin en disant au revoir aux amis qu'il laisse derrière lui ou exploser de joie à l'idée de rentrer enfin chez lui pour retrouver sa famille.
Nous venions de quitter mon bar préféré, le Pacifico, rue Monot, et commencions la procession de bar en bar à la recherche de celui qui correspondrait le mieux à nos goûts raffinés. Bref, tout était bon tant qu'on ne nous faisait pas danser la dabke, cette danse traditionnelle libanaise aux influences hip hop notoires, impossible à danser, et que je danse avec le même flair qu'un Norvégien fraîchement débarqué de Trondheim à la Feria broderait sur les sevillanas.
Eh bien, nous en étions là, à nous dire au revoir, avec le perraje, en nous rappelant les nuits au Dana avec le "noyau dur" et ces petites batailles typiques des soldats brisés et abîmés, quand Justi, parce que je suis sûr que c'est lui, parce que ces idées ne peuvent pas être les miennes, a eu l'idée de dire cela : No hay h... de irnos a Yémenet pourquoi en voulons-nous plus...
Tout ce dont je me souviens de la suite, c'est qu'après m'être frappé la poitrine à plusieurs reprises comme pour prêter serment et avoir vidé mon verre d'un trait, nous sommes montés dans la vieille Delorean 66 que les gens de Retour vers le futur nous avaient laissée, et la machine à remonter le temps nous a téléportés dans la ville de Sanaa, au 13e siècle de notre ère.
Apparaissant la nuit dans SanaaLe fait d'être sans hébergement et avec un énorme mal de tête (qui serait dû aux "ges" subis lors du passage de la barrière spatio-temporelle...) a son lot de regrets. Après avoir beaucoup couru, nous avons réussi à trouver un hôtel qui, pour le prix irrésistible d'un dollar par jour (et il faut dire que pour les services qu'il offrait, cela semblait un peu cher) nous a logés. Et je dis bien hébergement, pas repos, car des taches inquiétantes sur les draps nous invitaient à dormir d'un œil. Bizarrement, les escaliers et le couloir étaient pleins de gens qui dormaient, comme si une bombe de sommeil était tombée et que les résidents n'avaient pas eu le temps de rejoindre leur chambre. Quel mystère peut bien cacher cet hôtel... ?
Mais se réveiller dans la plus ancienne ville habitée du monde, avec les muezzins de plus de 100 mosquées appelant à la prière du matin, regarder par la fenêtre et voir cela, c'est un de ces moments que l'on ne peut pas oublier.
Il s'agit de Sanaa, la ville fondée il y a 2500 ans par Shem, le fils de Noé, Sanaa, berceau de l'Islam, ou Sanaa la Venise de la poussière, (comme il l'aurait judicieusement rebaptisée). Alberto Moravia), bref, une merveille. La plus belle capitale du monde, sans exagération, bien que je pense avoir déjà dit cela à propos d'autres endroits...
Et voilà que je réalisais un autre de mes rêves, même si je ne sais pas pourquoi j'avais aussi dans la tête de me rendre à l'aéroport d'Amsterdam. Adenet l'île de SocotraJ'ai dû remettre cela à une autre occasion, car c'était un peu loin de chez moi.
D'ailleurs, je suis étonné de voir que malgré les années qui ont passé depuis que j'étais à Sanaa, j'ai toujours la même tête qu'à l'époque, on dirait que la photo a été prise hier, n'est-ce pas ? On va croire que j'ai fait un pacte avec le diable, je sais.
On a l'impression que la ville est restée comme moi, inébranlable, et quand on se promène dans ses rues, on se dit qu'à tout moment, au coin de la rue, on peut se retrouver face à face avec l'homme de la rue. Reine de Saba marchant main dans la main avec le roi Salomon.
Comme je l'ai déjà dit, la ville est le berceau de l'Islam, puisque sa grande mosquée a été construite du vivant du Prophète. Et ils auront d'autres héritages de religions antérieures, car lorsque la sonde Pathfinder s'est posée sur Mars en 1997, deux hommes, j'imagine sous l'effet du qat, ont dénoncé la NASA devant un tribunal de Sanaa pour avoir pénétré illégalement sur Mars, puisque, selon eux, la planète était l'héritage de leurs ancêtres.
En parlant de Mars, un instituteur zambien qui s'autoproclamait directeur de "l'agence spatiale zambienne" voulait aussi y aller. En 1964, il prévoyait d'envoyer une douzaine d'hommes sur Mars, avec une jeune fille de 17 ans (la pauvre...), deux chats (je suis perdu, pourquoi le seraient-ils...) et un missionnaire pour tenter de convertir les Martiens du coin. L'idée était de lancer la fusée avec une catapulte depuis le stade de Lusaka et le financement devait être obtenu auprès de l'UNESCO, à qui il demandait quelques millions de dollars... Mais bon, j'écrirai sur la Zambie un autre jour, le temps faisant son œuvre (je pense encore aux chats).
Là-bas, les hommes, dès leur plus jeune âge, portent à la ceinture ce poignard ou Jambija, une arme ornementale avec laquelle ils peuvent se nettoyer les ongles ou renvoyer leur voisin pour un problème de voiture. qatLa plante hallucinogène qu'ils gardent en bouche pendant des heures et qui, jour après jour, à l'heure du dîner, paralyse le Yémen. Le repas d'après-dîner est un événement social très important, où l'on discute de toutes les affaires de la journée, où l'on règle parfois des questions locales, où l'on parle de Mars...
La consommation de qat est telle qu'il n'en reste pratiquement plus dans le pays. Les routes menant aux villes d'Al Husn et d'Al Khutayb traversaient autrefois d'immenses plantations de qat, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Aujourd'hui, le qat est importé du Kenya et de Somalie, ou de n'importe quel endroit où il est nécessaire, car il ne peut jamais manquer. Cette plante leur fait oublier pendant quelques heures tous les problèmes qui les touchent au quotidien. Je pense l'apporter ici, bien que je l'aie déjà essayée et qu'elle ne m'affecte guère.
Chaque coin du Yémen cache une surprise et je vais vous laisser avec l'une d'entre elles. Dans le village de HababaJ'ai trouvé cette moto, et j'ai eu beau la regarder, je ne sais toujours pas si j'avais devant moi le prototype original de cette fameuse Derbi Coyote, ou la moto de Chewaka lui-même, celui de la Guerre des étoiles.
Et c'est ici que je fais mes adieux. Ce fut un voyage court, intense, impossible à répéter, comme cette entrée. J'espère que vous avez aimé ce pays autant que moi. Je vous souhaite un joyeux Noël et que l'année à venir nous permette à tous de continuer à voyager à travers le monde et à réaliser nos rêves, quels qu'ils soient.
Et si elles ne se réalisent pas, ne vous inquiétez pas, nous aurons toujours le qat....
maria
Publié à l'adresse suivante 20:08h, 23 décembreBel endroit, Carlos ! Il déborde complètement l'imagination....y sans avoir besoin de qat, hahahaha. C'est bon de te revoir ! Je t'embrasse !
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 21:39h, 23 décembreMerci Teresa, je suis vraiment contente que vous ayez aimé ce billet, l'écriture me manquait aussi un peu.
Gonzalo
Publié à l'adresse suivante 09:44h, 24 décembreTrès cool. Le vélo est une réplique de celui de Tito, bien qu'il manque quelques détails mineurs.
Joyeuses fêtes de fin d'année.
Gonzalo
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 21:22h, 25 décembreJoyeux Noël Gonzalo, tu continues à me faire de la publicité. C'est vrai, j'avais oublié le vélo de Tito, il faut que je lui dise de me le renvoyer (à moi seul) pour que je puisse le garder dans ma collection de photos de vélos curieux. Je vous embrasse bien fort.
Alfonso
Publié à l'adresse suivante 16:44h, 25 décembreJe suis abonné à vos récits de voyage et je vous admire. J'étais au Yémen en 2003 et j'ai été frappée par tant de choses. C'était un voyage au Moyen-Âge, avec une architecture unique, le kat et son cérémonial quotidien, la tranquillité avec laquelle ils vivent, ou plutôt vivent mal, la sympathie des gens,,,, bref, un pays absolument unique qui explique beaucoup de choses et donne à réfléchir.
Merci pour vos histoires
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 21:32h, 25 décembreBonjour Alfonso, merci beaucoup pour ton soutien moral. Cela fait un moment que je ne t'ai pas vu sur le blog....
lurdes
Publié à l'adresse suivante 10:03h, 05 janvierJ'aime les reportages dans lesquels vous prenez des photos de personnes. Non pas que les paysages soient mauvais (vous avez de belles photos), mais lorsque j'ai voyagé, j'ai tout appris grâce aux personnes qui vivaient dans ces endroits et qui ont rendu mes voyages inoubliables. Cela montre aussi que vous n'étiez pas seul dans les déserts, comme dans d'autres endroits. En tout cas, j'ai adoré le Yémen. Bonne année, mon petit cousin.
Maite Esteve Santos
Publié à l'adresse suivante 22:42h, 13 juilletVos récits et vos photos me transportent et me font rêver ! Tout est vivant et même les arômes inondent mon hypophyse !
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 17:27h, 14 juilletMerci beaucoup Maite, vous aurez plus de mes histoires en septembre, parce que je suis de retour en Afrique et j'ai hâte de recommencer à écrire.
lurdes
Publié à l'adresse suivante 16:33h, 17 juilletJ'ai vu ce chat il y a longtemps, ou peut-être l'ai-je rêvé !!!!
lurdes
Publié à l'adresse suivante 16:34h, 17 juilletves.... le 5 janvier Je t'ai fait un commentaire sur lui .......... Qu'est-ce qui ne va pas cousin, tu es à court d'idées ?
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 23:46h, 17 juilletC'est juste que quelqu'un a récemment découvert mon merveilleux article sur le Yémen et l'a commenté, et c'est pour cela qu'il vous parvient. Mais ne vous inquiétez pas, en septembre mon blog revient en Afrique pour que vous puissiez profiter avec moi de mes mésaventures, réelles et très actuelles, où à travers ma prose facile je vous inviterai à m'accompagner dans des endroits inimaginables, etc etc, zzzzz... Et je vais commencer par un endroit qui, je le sais, vous surprendra tous, et que je peux lire jusqu'ici....
Maurice
Publié à l'adresse suivante 15:01h, 07 octobreJ'ai adoré vos photos. Je prêche le christianisme sur Internet aux habitants du Yémen, et il m'est vraiment difficile de comprendre leur mode de vie. Avec cet article, vous m'avez beaucoup aidé. Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées.
Maurice
Publié à l'adresse suivante 15:02h, 07 octobreJ'ai adoré vos photos. Je prêche le christianisme sur Internet aux habitants du Yémen, et il m'est vraiment difficile de comprendre leur mode de vie. Avec cet article, vous m'avez beaucoup aidé. Je vous embrasse bien fort ! .