06 Oct Une route infinie et sauvage
L'exploratrice Isabela Bird disait que les voyages donnaient le privilège de faire les choses les plus inconvenantes en toute impunité et moi, qui ne les ai jamais faites et ne les referai jamais, je me retrouve, à la suite de l'une d'entre elles, cloué au lit avec un pied cassé, en train de purger mes très nombreux péchés.
Quelques jours avant mon accident, j'avais traversé le Botswana en passant par les hauts plateaux du Kalahari, la savane du Zimbabwe, le désert du Namib, le Kaokoland, la Skeleton Coast, navigué sur le Zambèze et le Chobe, etc. Près de 6000 kilomètres de grands espaces, de salines, de déserts et de montagnes, chaque seconde de paysage et d'aventure sur une piste infinie et sauvage... Alors maintenant, alors que je reste enfermé contre toute volonté dans ma cage dorée, je regarde les 17 agrafes qui ferment ma plaie et j'ai mal... mais pas tant que ça.
Il y a quelque chose dans ces pistes sans fin qui m'attire irrésistiblement et j'ai besoin de m'y perdre. Et ce n'est pas parce que je fuis la justice ou une ex-petite amie délaissée, ou que je suis devenu végétalien et que je cherche à me retrouver, c'est simplement le plaisir de monter sur la piste et d'accélérer, d'accélérer jusqu'à ce que je disparaisse dans le nuage de poussière que nous soulevons, sans autre carte que nos émotions et sans autre témoin du voyage qu'un groupe d'oryx ou de girafes solitaires.
En chemin, je m'imprègne des lieux incroyables que la route nous dévoile, la route difficile plus au sud du Solitaire, le silence de la vallée des acacias morts de Deadvlei ou cette ancienne mine de diamants habitée seulement par un groupe d'otaries.
Je me souviendrai toujours du froid de l'aube dans les dunes blanches de la Skeleton Coast ou des douces nuances du crépuscule sur cette piste perdue du Damaraland, alors que nous cherchions un endroit où camper avant que le jour ne s'éteigne. Je n'oublierai pas non plus les nuits sur les terres sacrées de Spitzkoppe et de Kubu, lorsque la chaleur du feu, le vin et les bons amis nous emmenaient par la main dans cet autre monde de vieilles légendes qui agitent la tente, attirés par les soupirs du vent et les hurlements lointains de la nuit.
L'ennui, un film triste et le mélange de nolotil avec du vin me ramènent ces souvenirs sur mon canapé d'une manière poétique et dérangeante qui affecte mon statut d'homme de Cro-Magnon, mais tant que cela durera, je continuerai à penser à ces pistes sans fin. Sur ces pistes, nous avons vu le chacal rôder, le guépard manger et le lion se battre, nous avons partagé un repas avec les herero dans des bars crasseux du Kaokoland et nous avons dîné au Botswana en compagnie de centaines d'éléphants (en tirant mmmm de très haut).
Nous avons alterné le luxe des meilleurs lodges d'Afrique australe et la perversité de quelques bars miteux aux toilettes inexcusables... Nous avons apprécié la solitude des dunes de Torra Bay autant que la compagnie des Himba dans un village reculé ou l'agitation d'un marché de forgerons. Ce furent des journées d'une grande intensité que nous terminions toujours épuisés, rêvant d'une bonne douche chaude, d'un bon repas et d'un meilleur vin, qui n'ont jamais manqué...
Maintenant que je suis debout, la jambe levée, je me souviens de l'envie irrésistible de remonter la côte squelettique plus au nord, jusqu'à Torra Bay, à la recherche des lions du désert et des éléphants, ou de continuer au sud, jusqu'à Sandwich Harbour, où les dunes s'accrochent à la mer. Mais cela devra attendre et faire partie des rêves qui, comme les béquilles, continueront à me hanter pendant un certain temps. Car si tous les rêves devenaient réalité, comment distinguer le rêve de la réalité ?
Anonyme
Publié à l'adresse suivante 19:44h, 06 octobreComme tu aimes le sable, champion ! J'ai hâte d'aller en Namibie. Au fait .... très dur...je n'ai pas pu escalader le Lengay, je suis resté 6 heures dans une crevasse à attendre que les autres reviennent, mais c'était une sacrée expérience.
Et qu'est-il arrivé à ton pied ? Prends soin de toi, je t'embrasse
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 13:33h, 08 octobreHolaaa, je suis anonyme et je ne sais pas qui vous êtes, mmmmuy hard Lengai eh, mais c'est une très bonne aventure, les vues sont incroyables et le lac Natron est l'un des meilleurs. Un câlin
Mer
Publié à l'adresse suivante 20:52h, 06 octobreMais que t'est-il arrivé Carlitos ????!!!!!
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 13:31h, 08 octobreJe suis trop vieux pour faire du rafting sur le Zambèze... qui l'eût cru...
Anonyme
Publié à l'adresse suivante 23:48h, 06 octobreJe l'adore, il me transporte. L'un des meilleurs, et de loin.
Maria
Publié à l'adresse suivante 23:49h, 06 octobreJe l'adore, il me transporte. L'un des meilleurs, et de loin.
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 13:30h, 08 octobreet je pensais que j'étais trop poète...
MIGUEL ANGEL RODA
Publié à l'adresse suivante 09:50h, 07 octobreCARLITOS !!!! rétablissez-vous vite, nous avons besoin de vous !!!!
Un gros câlin
undiaenlavidadecuchara
Publié à l'adresse suivante 13:30h, 08 octobreJe suis presque rétabli, je serai pleinement opérationnel dans un mois, et nous partirons pour ce voyage dont nous avons parlé. Gardez un œil sur le blog, j'écrirai sur ce voyage très bientôt. Meilleures salutations
Lurdes
Publié à l'adresse suivante 12:43h, 18 févrierCousin, on verra quand tu m'emmèneras dans ces endroits.